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pas sur lui quelque flacon d’odeur ; il fouillait dans toutes ses poches et tira à la fin un marron rôti, qu’il promena sous le nez de Pasquarello évanoui. Celui-ci revint aussitôt à lui, et éternuant violemment, il le pria de pardonner à la délicatesse de ses nerfs. Puis il lui raconta comment Marianna, aussitôt après son mariage, était tombée dans une profonde mélancolie, ayant toujours à la bouche le nom d’Antonio, et traitant le vieux avec horreur et mépris. Mais celui-ci, aveuglé par sa folle passion et aiguillonné par sa jalousie, n’avait cessé de persécuter de son odieuse tendresse la pauvre pupille.

Ici Pasquarello raconta une foule d’extravagances de signor Pasquale, dont le bruit courait en effet à Rome. Signor Pasquale s’agitait, en tout sens, à sa place, et marmottait sourdement : « Maudit Formica ! — Tu en as menti. Quel démon souffle sur toi ? » Seulement Toricelli et Cavalcanti, qui le surveillaient de leurs regards, comprimaient l’explosion de sa colère.

Pasquarello termina en disant que la malheureuse Marianna avait enfin succombé à l’affreux supplice de vivre unie au vieillard maudit, et victime d’un amour non satisfait. — « Elle est morte, dit-il, morte à la fleur de son âge ! »

Au même instant on entendit un de profundis, entonné d’une manière lugubre par des voix sourdes et rauques, et des hommes couverts de longues robes noires parurent, portant un cercueil ouvert où gisait enveloppé d’un suaire le corps de la belle Marianna.