Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

polonais, upadam do nog’s aux portes de la ville, et embrassent les genoux des gardes qui visitent leurs passeports.

» Voici le porteur d’eau : son tonneau peut tenir à peine une demi-voie, cela n’empêche pas que le comte Armand n’en sorte, au moment où la garde a tourné le dos. C’est miraculeux ! Tu me demandes comment je me trouve à Varsovie ? c’est un monde bruyant, trop étourdissant, trop fou ; c’est un pêle-mêle, un vacarme à vous donner le vertige : où veux-tu que je prenne le temps pour écrire, pour dessiner, pour composer ? Le roi devrait me faire cadeau de son palais de Lazienki : je présume que je m’y trouverais fort bien ! »

À la fin des trois années de son séjour à Varsovie, Hoffmann avait trente et un ans, et n’avait guère eu jusqu’alors de plaintes à former contre le sort. De l’année 1807 date la série d’événements pénibles qui vinrent traverser son existence et en détruire la paix. Une atteinte de fièvre nerveuse, qui augmenta de beaucoup l’irritabilité naturelle de ses organes, fut comme le présage de cette période de fatalité. Peu de temps après, sa jeune fille mourut à Posen, où elle s’était réfugiée avec sa mère pour se soustraire aux chances dangereuses qu’offrait le théâtre de la guerre. Hoffmann alla chercher fortune à Berlin, mais son étoile obscurcie seconda mal les efforts de sa bonne volonté.

Bref, ce furent huit années, mêlées de pluie et de soleil, comme dit le poète, où la somme des mauvais jours fut supérieure au nombre des bons ; huit an-