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Il se rendit à Florence, se souvenant des invitations réitérées du duc de Toscane, et là il trouva une pleine compensation aux chagrins dont on l’avait abreuvé à Rome, dans les hommages et l’honneur justement rendus à son mérite. Les présents du duc, les prix élevés qu’il toucha de ses tableaux, le mirent bientôt en état d’occuper une vaste maison, et de la décorer avec magnificence. C’est là que se réunissaient, sous ses auspices, les poètes et les savants les plus célèbres de l’époque ; il suffit de citer Evangelista Toricelli, Valerio Chimentelli, Battista Ricciardi, Andrea Cavalcanti, Pietro Salvetti, Filippo Appolloni, Volumnio Bandelli et Francesco Rovaï, qui étaient du nombre. On s’adonnait à l’art et aux sciences confondus dans une noble alliance, et Salvator avait le secret d’imprimer à ces réunions je ne sais quoi d’original et d’imprévu, qui captivait l’esprit et le séduisait d’une manière toute particulière.

C’est ainsi que la salle de banquet avait reçu l’apparence d’un frais bocage exhalant le parfum des fleurs et d’arbustes odoriférants arrosés par des jets-d’eau naturels, et l’on était servi par des pages costumés d’une façon étrange, comme s’ils fussent venus d’un lointain pays du domaine des fées. Cette réunion de poètes et de savants dans la demeure de Salvator, reçut le nom d’Academia de’ Percossi10.

Pendant que Salvator se consacrait ainsi à l’art et aux sciences, son ami Scacciati jouissait de la plus complète félicité, ayant la gracieuse Marianna pour compagne, et menant la vie indépendante d’un ar-