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on le vit se trainer dans les rues de Rome, la tête basse et l’air inconsolable. Et puis un malheur n’arrive presque jamais seul. Et Capuzzi, peu de temps après l’enlèvement de Marianna, perdit ses deux chers amis. Le nain Pitichinaccio fut étouffé par une amande qu’il voulut imprudemment avaler, tandis qu’il exécutait une cadence ; et, pour signor Splendiano Accoramboni, une faute d’orthographe, dont il se rendit lui-même coupable, vint subitement mettre fin aux jours du célèbre docteur. Par suite des coups reçus de Michel, il gagna la fièvre, et, dans l’intention de se guérir lui-même avec un remède de sa composition, il demanda une plume et de l’encre, et écrivit l’ordonnance qu’il jugeait nécessaire ; mais l’emploi qu’il fit par mégarde d’un signe intempestif, força, dans une proportion exagérée, la dose d’une substance très-active, et à peine eut-il avalé le mélange, qu’il retomba sur l’oreiller et expira. Dernière preuve de l’influence de ses médicaments, digne et éclatant résultat de la méthode curative de l’auteur.

Comme je l’ai dit, tous ceux qui d’abord s’étaient le plus égayés aux dépens de Capuzzi et avaient souhaité au brave Antonio un heureux succès dans ses démarches, n’éprouvaient plus qu’une pitié profonde pour le vieillard ; et le blâme le plus amer fut la part qu’on fit, non pas à Antonio, mais à Salvator Rosa, regardé très-justement comme le promoteur de l’entreprise.

Les ennemis de l’artiste, et il n’en manquait pas, ne se firent point faute d’attiser le feu. — « Voyez,