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airs. Le théâtre résonna du rire éclalant et immodéré des spectateurs, c’était du délire, — des cris confus : « Ah ! Pasquale Capuzzi ! compositore, virtuoso celeberrimo ! bravo ! bravissimo ! » — Le vieux, prenant ces rires pour argent comptant, était au comble de l’allégresse.

L’ariette achevée, on demanda le silence ; car le docteur Graziano, représenté cette fois par Musso lui-même, entra en scène se bouchant les oreilles et criant à Pasquarello s’il n’en finirait pas avec son beuglement infernal ; puis il lui demanda depuis quand il avait adopté cette affreuse manière de chanter, et où il avait pris cet air abominable.

Pasquarello, d’un grand sang-froid, dit qu’il ne savait à qui en voulait le docteur, qu’il était bon à faire nombre avec les Romains dépourvus du moindre goût en tait de bonne musique, et méconnaissant les plus rares talents ; que l’ariette était du plus grand virtuose et compositeur vivant, chez qui il avait le bonheur d’être actuellement en service, et dont il recevait même des leçons de musique et de chant.

Alors Graziano, cherchant à deviner, nomma, l’un après l’autre, maints virtuoses ou compositeurs connus ; mais à chaque nom célébre Pasquarello secouait la tête d’un air dédaigneux. Enfin : le docteur, dit-il, montrait sa profonde ignorance, puisqu’il ne connaissait même pas le plus illustre compositeur contemporain, lequel n’était autre que signor Pasquale Capuzzi, qui lui avait fait l’honneur de le prendre à son service, puis il demanda s’il n’était