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la rencontre et pour gagner enfin la somme promise, s’élança de sa cachette et se mit à frapper à tours de bras sur les concertants, et nous avons vu le résultat de cette méprise.

Ce n’était plus une question de savoir si le docteur Pyramide et Pitichinaccio, tous les deux alités et bien emmaillotès de la tête aux pieds, pourraient accompagner signor Pasquale au théâtre de Nicolo : cependant Capuzzi ne pouvait se résoudre à renoncer à la partie, quoique son dos et ses épaules se ressentissent douloureusement des horions qui l’avaient atteint ; mais chaque note de ses partitions était une amorce qui le fascinait irrésistiblement.

« Puisque le hasard, disait Salvator à Antonio, s’est chargé de lever l’obstacle que nous jugions insurmontable, il ne dépend plus que de vous de profiter adroitement du moment favorable pour enlever votre Marianna au théâtre de Nicolo ; mais vous réussirez, et je vous salue déjà comme fiancé à la charmante nièce de Capuzzi votre prochaine épouse. Agréez mes souhaits, Antonio, pour votre bonheur, malgré le frisson involontaire qui me saisit à la pensée de votre mariage…

« Que voulez-vous dire, Salvator ? demanda Antonio avec surprise.

« Traitez mes idées de chimères, répliqua Salvator, d’imaginations folles, ou comme il vous plaira, Antonio, il n’importe : — j’aime les femmes, entendez-vous ; mais pas une, celle même dont je serais épris jusqu’à la rage, celle pour qui je sacrifierais volontiers ma vie, qui ne provoque au fond de mon âme un