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la flamme dont mon cœur est dévoré : Ah ! cette anxiété, cette inquiétude à mon égard, sont le plus doux aveu de tes sentiments ! » — Il la conjura ensuite de bannir toute crainte et de venir entendre chanter, avec les honneurs de la scène, la plus belle œuvre musicale qui eût jamais illustré un compositeur.

Nicole, de son côté, ne mit aucune trêve aux supplications les plus attendrissantes, jusqu’à ce que Marianna se déclarât vaincue, et promit, en mettant toute peur de côté, de suivre le cher oncle au théâtre de la porte del popolo. Signor Pasquale était ravi au troisième ciel ; il avait la conviction de l’amour de Marianna, l’espoir d’entendre sa musique en plein théâtre, et de cueillir des lauriers qu’il avait brigués en vain depuis si long-temps ; il voyait donc tous ses songes les plus délicieux sur le point de se réaliser à la fois. — Mais il voulait rendre témoins oculaires de son éclatant triomphe ses fidèles et intimes amis ; c’est-à-dire, qu’il ne songeait à rien moins qu’à décider signor Splendiano et le nain Pitichinaccio à l’accompagner au théâtre comme la première fois.

Outre son enlèvement par les spectres, signor Splendiano avait eu, pendant son sommeil près de la Pyramide de Cestius, englouti dans sa perruque, une foule de visions lugubres. Tous les morts du cimetière avaient ressuscité, et cent squelettes l’avaient menacé de leurs bras osseux en maudissant en chœur ses poudres et ses essences, dont l’influence funeste les tourmentait encore dans l’autre monde. Par suite de ces impressions, et bien qu’il ne pût