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un coup-d’œil furieux, mais, sans y faire aucune attention, elle s’avança droit vers Musso, et lui dit d’une voix irritée, « C’est en vain, signor Nicolo, que vous cherchez à attirer mon cher oncle à votre théâtre ; vous oubliez que ces ravisseurs impies qui me poursuivent ont failli l’autre jour, avec leur piège abominable, compromettre les jours de mon oncle chéri, ceux de son digne ami Splendiano et les miens propres. Jamais je ne consentirai que mon oncle s’expose de nouveau à un pareil danger. Renoncez, Nicolo, à vos instances. N’est-ce pas, mon oncle ? vous resterez prudemment à la maison, et vous n’affronterez plus les risques nocturnes, ni les embûches des traitres de la porte del popolo. »

Signor Pasquale demeura comme pétrifié ; il regardait sa nièce avec de grands yeux ; enfin il lui expliqua longuement et avec des ménagements infinis comment signor Nicolo s’obligeait à prendre toutes les mesures propres à prévenir le moindre danger au retour du théâtre.

« Je persiste dans ce que j’ai dit, répliqua Marianna, et je vous supplie, mon cher oncle, de ne pas paraitre au théâtre de la porte del popolo. Pardonnez-moi, signor Nicolo, de m’expliquer aussi franchement en votre présence ; mais, je ne sais quel sombre pressentiment me dicte cet avis ; vous êtes lié, je le sais, avec Salvator Rosa et peut-être même aussi avec Antonio Scacciati ; et si vous agissiez de concert avec nos ennemis, si vous usiez de feinte envers mon bon oncle, qui certes, j’en suis sûre, n’ira pas visiter votre théâtre sans moi, pour