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que événement imprévu. Son humeur retomba sur le vieux qu’elle accabla de tant de contrariétés qu’il en devint tout contrit et découragé, sans pourtant renoncer à l’amour diabolique qui faisait rage en son cœur. Et quand Marianna, après avoir donné cours à toutes les boutades d’un esprit morose et fantasque, voulut bien permettre aux lèvres fanées du vieillard de se reposer sur sa blanche main, il jura dans l’excès de son ravissement qu’il ne se lasserait point de couvrir d’ardents baisers la pantoufle du pape, jusqu’à ce qu’il ait obtenu la dispense nécessaire pour son mariage avec sa nièce, cet ange de grâce et de beauté !

Marianna n’eut garde de le désabuser de son extase ; car la confiance où elle le laissait venait à l’appui de ses espérances, et elle voyait d’autant plus de chances de lui échapper, qu’il la croirait plus fermement et plus intimement attachée à lui.

Quelque temps s’était écoulé, lorsqu’un jour, à l’heure du diner, Michel grimpa l’escalier, en toute hâte, pour annoncer avec de longues parenthéses à signor Pasquale, qui ne lui avait ouvert la porte qu’après des frappements réitérés, qu’un monsieur était en bas qui insistait pour parler au signor Pasquale Capuzzi, prétendant être bien sûr qu’il demeurait dans cette maison.

« Oh ! par toutes les légions d’anges et d’archanges ! s’écria le vieux courroucé, comme si cet imbécille ne savait pas que je ne recois chez moi aucun étranger !

« Ce monsieur, ajouta Michel, est d’une tour-