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société d’amateurs dont il était le chef, fut bientôt à même d’acquérir le palais Mnisck, qu’on décora avec pompe pour y célébrer ces solennités musicales. Les événements militaires, dont l’Allemagne était alors le théâtre, causèrent une impression peu profonde sur l’esprit d’Hoffmann, et le retentissement de la bataille d’Iéna interrompit à peine les répétitions de ses concerts. Cependant les conquêtes de Napoléon allaient changer toute sa destinée. L’affranchissement de la Pologne amena bientôt la dissolution de la régence prussienne, et son conseiller dilettante se trouva sans emploi. Il s’en consola en se livrant plus que jamais à ses goûts d’artiste indépendant ; il assistait aux brillantes revues de l’empereur, il allait remplir sa partie de tenor aux messes des religieux Bernardins, et le soir il dirigeait l’exécution des quatuors d’Haydn et de Mozart, ou travaillait à la composition, durant des nuits entières, avec son ami Hitzig4.

Hoffmann était étroitement uni depuis le collége avec Hippel, le neveu de l’écrivain distingué du même nom, et cette amitié dura sans refroidissement jusqu’à la mort d’Hoffmann ; mais ils étaient retenus éloignés l’un de l’autre par leurs fonctions respectives, et ne se voyaient qu’à de longs intervalles. Hoffmann forma à Varsovie une autre liaison, qui ne fut pas moins durable, avec Hitzig, son contemporain


4. Hoffmann écrivit à Varsovie trois partitions, celle de L’Écharpe et la Fleur, poème dont il composa aussi les paroles, celle des Joyeux musiciens, et celle du Chanoine de Milan.