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sommes tes frères ; nous venons pour t’emmener dans l’enfer, dans l’enfer embrasé, toi et ton camarade Pitichinaccio. » En criant ainsi, les démons s’élancèrent sur le vieux qui tomba par terre avec Pitichinaccio, et tous deux se mirent à braire sur un ton perçant et lamentable, comme aurait pu le faire un troupeau d’ânes fouettés.

Marianna s’était dégagée de vive force du bras de Capuzzi, et se tenait à quelque distance ; alors un des quatre personnages s’approcha d’elle, et la serrant tendrement dans ses bras, lui dit d’une voix douce et émue : « Ah ! Marianna, oh ! ma chère Marianna ! Enfin nous triomphons ; les camarades vont emporter le vieux bien loin d’ici, et je sais pour nous un asile sûr. — Mon Antonio ! » soupira tout bas Marianna.

Mais tout-à-coup la scène fui éclairée de la lueur des torches, et Antonio recut un coup sur le haut du bras. Prompt comme l’éclair, il se retourna, mit l’épée à la main et se précipita sur l’individu qui se préparait à lui porter un second coup de stylet ; il vit en même temps ses trois amis occupés à se défendre contre les sbires, supérieurs en nombre. Enfin, ayant mis en fuite son adversaire, il s’empressa de prêter main-forte à ses compagnons. Quelque bravoure qu’ils missent à se défendre, le combat était par trop inégal, et les sbires devaient l’emporter inévitablement si deux hommes ne s’étaient élancés subitement dans les rangs des jeunes gens en jetant de hauts cris, et si l’un d’eux n’eût abattu aussitôt le sbire qui serrait Antonio de plus prés.