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tout eut disparu, et les spectres et le docteur Pyramide ; reviens à toi, ma mignonne chérie, ma colombe, ma tourterelle ! C’en est donc fait de mon digne et excellent ami Splendiano ? que saint Bernard, qui fut un grand médecin lui-même, et à qui tant d’âmes durent leur prompt salut éternel, l’assiste et ait pitié de lui, quand les peintres, qu’il s’est trop pressé d’expédier à sa pyramide, assouviront leur vengeance en lui tordant le cou ! — Mais qui chantera désormais la basse de mes ariettes ? Et le lourdaud de Pitichinaccio m’a tellement serré le gosier que, sans compter l’épouvante que ma causée l’enlèvement de Splendiano, je suis incapable de chanter la moindre note d’un ton net et clair, d’ici peut-être à six semaines. — Ma Marianna, âme de ma vie ! tout est passé.»

Marianna assura qu’elle était revenue de sa frayeur, et pria seulement Capuzzi de la laisser marcher seule, pour qu’il pût en liberté se débarrasser du poupon incommode ; mais signor Pasquale serra de plus belle le bras de sa pupille, bien résolu à ne pas s’en dessaisir d’un seul pas, à quelque prix que ce fût, dans une obscurité aussi périlleuse.

Au moment même où signor Pasquale, un peu rassuré, se disposait à continuer son chemin, il vit surgir à ses côtés, comme s’ils eussent été vomis par la terre, quatre fantômes de diables hideux revêtus de courts manteaux rouges, et qui l’envisageaient avec des yeux élincelants, en sifflant et en hurlant d’une manière abominable : « Hui ! hui ! Pasquale Capuzzi ! fou enragé, vieux diable amoureux ! nous