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mugirent d’une voix sourde et sépulchrale les quatre spectres affreux. — Puis l’un se mit à gémir : « Me connais-tu, me connais-tu, Splendiano ? je suis Cordier, le peintre français qu’on a enterré la semaine dernière, et que tu as envoyé dans l’autre monde avec tes drogues. » — Le second s’avança : « Me connais-tu, Splendiano ? je suis Kufner, le peintre allemand que tu as empoisonné avec tes poudres infernales. » — Puis le troisième : « Me connais-tu, Splendiano ? je suis Liers, le peintre flamand que tu as assassiné avec tes pilules, et dont le frère a été dépouillé par toi de mes tableaux. » — Le quatrième enfin : « Me connais-tu, Splendiano ? je suis Ghigi, le peintre napolitain que tu as tué avec tes élixirs. » — Et alors tous les quatre reprirent : « Malheur, malheur, malheur à toi, damné docteur Pyramide ! il faut descendre, descendre sous terre avec nous ; allons, allons, en avant ! avec nous en avant ! hé ! hulla, hulla ! » Et ils se jetèrent à la fois sur le malheureux docteur, le soulevèrent de leurs bras en l’air et disparurent avec lui comme un tourbillon. Bien que signor Pasquale fût sur le point de défaillir de peur, il se remit pourtant avec un courage admirable quand il vit qu’on n’en voulait qu’à son ami Accoramboni. Pitichiuaccio avait fourré sa tête avec l’attirail de guirlandes qui la couvrait sous le manteau de Capuzzi, et s’était accroché à son cou si tenacement qu’aucun effort ne pouvait lui faire lâcher prise.

« Reviens à toi, disait Capuzzi à Marianna quand