à contrefaire, jusqu’à l’illusion la plus complète, la voix, la démarche et la tournure des personnages les plus connus. L’homme qui jouait ce rôle de Pasquarello, et qu’on appelait signor Formica, paraissait être doué d’un esprit singulier et surnaturel. Souvent il y avait dans son geste et dans son accent quelque chose de si extraordinaire que les spectateurs éclataient, malgré eux, d’un fou rire, en même temps qu’ils se sentaient presque glacés d’un étrange frisson.
À côté de lui figurait dignement le docteur Graziano, dont la pantomime, et la façon de débiter les bouffonneries les plus extravagantes comme s’il s’agissait des propos les plus délicats, brillaient d’un mérite vraiment surprenant. Ce docteur Graziano était reprèsenté par un vieux bolonais nommé Marin Agli. En peu de temps, comme cela ne pouvait manquer d’arriver, on vit le beau monde de Rome accourir à l’envi au petit théâtre de Musso, en dehors de la porte del popolo ; le nom de Formica vola dans toutes les bouches, et chacun dans la rue, ainsi qu’au théâtre, s’écriait, entrainé par l’enthousiame : Oh Formica ! Formica benedetto ! oh Formicissimo ! — On regardait Formica comme un phénomène surnaturel, et mainte vieille femme, qui s’était pâmée de rire au théâtre, à la moindre critique qu’on osait faire du jeu de Formica, prenait tout-à-coup l’air sérieux et solennel en disant : Scherza coi fanti e lascia star santi.8 Cela était motivé par le secret impénétrable qui, hors du théâtre, enveloppait signor Formica, on ne le voyait nulle part ; Nicolo Musso