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avec le docteur Pyramide de reporter le nain chez lui, en s’en chargeant à tour de rôle ; ainsi donc, demain soir, le précieux trio doit se rendre avec la charmante Marianna au théâtre de signor Formica, en dehors de la porte del popolo. »

Il est nécessaire de donner ici quelques explications sur le théâtre de signor Formica, voisin de la porte del popolo.

C’était à Rome une désolation véritable, quand les impresarii, entrepreneurs de spectacle, étaient malheureux dans le choix de leur répertoire ; quand le premier tenor ou la basse-taille en chef du théâtre Argentina avaient oublié leur voix en route, quand le primo uomo da donna du théâtre Valle était alité par suite d’un rhume, et quand enfin le plaisir principal sur lequel on comptait venant à manquer, le giovedi grasso, coupait court subitement à toutes les espérances survivant encore au désappointement général. Précisément, à la suite d’un carnaval aussi déplorable, un certain Nicolo Musso ouvrit devant la porte del popolo un théâtre où il annonça ne devoir représenter que quelques farces improvisées. Le programme était rédigé d’un style ingénieux et spirituel, ce qui prévint en faveur de l’entreprise de Musso ; les Romains déjà disposés par leur appétit dramatique vivement aiguisé, à accepter tout aliment de cette nature à eux offert, quelqu’inférieur qu’il pût être.

La disposition de la salle ou plutôt de l’étroite baraque ne prouvait guère que l’entrepreneur fût dans une position brillante ; il n’y avait ni orchestre,