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Voici maintenant que doit commencer pour lui une nouvelle existence. Sept années de calme ne suffiront-elles pas à cicatriser les blessures que le sort lui a faites avec acharnement ? N’est-il pas temps pour Hoffmann de jouir un peu des douceurs du foyer et des succès de la vie publique ? Eh bien, non ! il faut que sa destinée s’accomplisse, comme celle qui voue au martyre quiconque porte à son front le signe du génie. D’ailleurs, les misères du passé ont miné ses forces vitales. À cette prostration des organes se joignirent des atteintes de paralysie aux extrémités ; puis l’invasion d’une effroyable maladie, le tabes dorsalis, vint rendre son état sans remède et sans espoir de soulagement. Il végéta cinq mois parmi des souffrances ineffables qu’il supporta avec une résignation stoïque. Dans les derniers jours qui précédèrent sa mort, les médecins essayaient de le ranimer par l’application du moxa sur les deux côtés de la colonne vertébrale. Hitzig étant venu le visiter quelques moments après l’une de ces douloureuses opérations, Hoffmann lui demanda « s’il n’avait pas senti, en entrant, une odeur de rôti ; » puis il se mit à lui raconter en détail les procédés du docteur, ajoutant « qu’il s’imaginait qu’on voulait le plomber, de peur qu’il ne se glissât, en contrebande, au sein du paradis. »

On lit, dans l’excellente biographie publiée par M. Loève-Weimars, « qu’Hoffmann était petit de taille ; il avait le teint bilieux, le nez fin et arqué, les lèvres minces, des cheveux foncés, presque noirs, qui lui couvraient le front. Ses yeux gris n’avaient rien de remarquable quand il regardait tranquillement devant lui ; mais quelquefois il leur imprimait un clignotement rusé et moqueur. Son corps assez grêle paraissait bien constitué ; sa poitrine était large et élevée. Dans sa jeunesse, il s’habillait avec soin, sans jamais tomber dans la recherche. Plus tard il trouvait beaucoup de plaisir à mettre son uniforme de conseiller, qui était richement brodé, et sous lequel il avait presque la tournure d’un général français. Ce qui frappait le plus dans sa personne, c’était une mobilité extraordinaire qui augmentait encore quand il racontait. Il parlait avec beaucoup de volubilité ; et, comme sa voix était enrouée, on avait de la peine à le comprendre. D’ordinaire il s’exprimait par petites phrases saccadées. Lorsqu’il parlait d’art ou de littérature et que sa verve s’échauffait, son élocution devenait abondante et harmonieuse.

« Hoffmann lisait mal ; quand il en venait aux passages à effet, il prenait un ton guindé, ayant bien soin de promener son regard sur les auditeurs, comme pour s’assurer s’il était compris, ce qui les met-