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moments de crise, d’exaltation, auxquels je ne pense encore aujourd’hui qu’avec terreur. Mais puisque je vous parle d’une affection mentale qui aurait pu me conduire à ma perte, vous ne devriez point, messieurs les incrédules, trouver là sujet de rire et de railler. Ecoutez-moi, et comprenez ce que j’ai dû souffrir.

Souvent, ainsi que je vous l’ai dit, lorsque la vision fatale était sur le point de s’effacer, je me sentais tout-à-coup saisi d’un malaise physique indéfinissable, et la figure reparaissait à ma vue avec un éclat plus vif, un caractère de réalité plus tranché que jamais. Mais il me semblait ensuite, horrible illusion ! que cette figure de femme n’était autre que moi-méme, et je me sentais enveloppé, comprimé par la vapeur répandue sur la glace. Une douleur de poitrine fort aiguë, puis une apathie extrême étaiènt constamment la suite de ces accès qui me jetaient dans un épuisement consomptif. Dans cet état, tous mes essais avec le miroir étaient infructueux ; mais quand j’avais recouvré mes forces, si l’image m’apparaissait encore distinctement, je ne puis nier que sa vue me faisait éprouver une sorte de jouissance particulière, et dont je n’avais jamais conçu l’idée.

Cette tension nerveuse continuelle influa sur ma santé de la manière la plus funeste. Je me traînais pâle comme la mort et exténué ; mes amis me crurent atteint d’une grave maladie, et leurs conseils multipliés me déterminèrent enfin à prendre garde à mon état. — J’ignore si ce fut à dessein ou par