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BERGANZA.

Comme on dit : Le diable seul peut deviner cela. Cependant, il y a bien des choses qu’il ne devine pas. C’est apparemment pour cela qu’on dit encore : C’est un pauvre diable ! — Il y a toujours eu en moi et dans mon ami Scipion quelque chose de bien étrange ! Décidément, je suis en effet le personnage Montiel banni de l’espèce humaine, et à qui le masque de chien, qui lui fut imposé comme punition, sert à présent de récréation et de divertissement.

MOI.

Berganza ! je ne te comprends pas.

BERGANZA.

Aurais-je donc pu, moi, si loyal, si porté au bien, si ami de la vérité, et plein d’un mépris si profond pour ces caractères faux et dégénérés dont font parade les hommes d’aujourd’hui, devenus pour la plupart insensibles à tout ce qui est grand et saint, comment, dis-je, aurais-je pu recueillir tant d’obseivations précieuses, dont l’ensemble forme ce trésor qu’on appelle la philosophie de l’expérience, s’il avait fallu me produire partout sous l’aspect d’une créature humaine ? — Merci, Satan ! qui as laissé l’huile des sorcières me griller le dos en pure perte ! Je puis du moins, en ma qualité de chien, me coucher auprès du poêle sans qu’on y prenne garde, et tous les secrets de votre naturel perverti que vous mettez