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que une vigueur nouvelle à ceux qui peuvent la supporter ; du moins mon expérience m’en fait juger ainsi. Quand le souvenir de la Cagnizares vient m’assaillir, mon sang bouillonne dans mes veines, tous mes muscles et mes fibres se contractent, et une oppression pénible m’affaisse momentanément, mais je me relève bientôt plus vaillant, plus agile, et la crise agit d’une manière fortifiante, tant sur mon corps que sur mon esprit. — Quant à la femme savante et poétique avec ses prétentions ridicules, et ses démonstrations exagérées d’enthousiasme pour l’art, l’idéal, que sais-je encore !… Ah ! — Ah !…

MOI.

Berganza ! Eh bien ; tu t’interromps ! tu appuies la tête sur ta patte ?

BERGANZA.

Ah, mon ami, rien que d’en parler, j’éprouve déjà l’atonie funeste, l’inexprimable dégoût qui s’emparait de moi lorsque j’entendais les bavardages sur l’art des femmes de cette espèce, ce qui m’affectait au point que je laissais souvent durant des semaines entières, intact et dédaigné, le meilleur morceau de rôti.

MOI.

Mais Berganza, mon ami, ne pouvais-tu pas couper court à ces propos insipides par certains grognements ou aboiements expressifs ? car quand même cela t’aurait fait mettre à la porte, tu aurais du moins été délivré de ce verbiage.