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causent un étrange frisson. Je ne cache pas que j’attends impatiemment le moment de ta complète délivrance.

BERGANZA.

Lorsque je repris connaissance, j’étais couché à terre, sans pouvoir remuer une seule patte. Les sept sorcières étaient accroupies autour de moi, me palpant et me frottant de leurs mains décharnées. Il dégouttait de mes poils une liqueur huileuse et fétide dont elles m’avaient oint, et j’éprouvais intérieurement une sensation bien extraordinaire. Il me semblait sentir une individualité personnelle distincte de mon propre corps. Ainsi je me voyais gisant là comme un Berganza étranger, et pourtant c’était bien moi, quoique je fusse aussi positivement l’autre Berganza libre témoin de mon infortune. Celui-ci grognait et aboyait à celui qui était entre les mains des sept fantômes, et le provoquait à jouer vigoureusement de la mâchoire pour se soustraire à ses ennemis, tandis que l’autre moi… Mais ! pourquoi te fatiguer de la description de cet état incompréhensible produit par des artifices infernaux, et qui me partageait en deux êtres absolument indépendants l’un de l’autre ?

MOI.

Autant que je peux le conjecturer d’après ton histoire, d’après les paroles de la Cagnizares et les circonstances du congrès des sorcières, il ne s’agissait de rien moins que d’opérer ta transformation.