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la tortue gonflait à vue d’œil, et enfin elle se précipita dans la chaudière fumante, d’où le liquide, débordant avec fracas, inonda le foyer qui sifflait et pétillait, et puis de cette collision flamboyante, surgirent mille fantômes abominables qui s’accouplaient et se transformaient à l’infini, de manière à confondre tous les sens. Là, c’étaient des bêtes fantastiques offrant de hideuses parodies du visage de l’homme ; ici, c’étaient des êtres humains se déballant, avec d’horribles convulsions, pour se soustraire à l’envahissement des formes de la brute, lesquelles se croisaient ensemble, se mélangeaient et s’absorbaient mutuellement dans leur lutte acharnée.— Et les sorcières tournaient toujours en dansant avec plus d’impétuosité au milieu de l’épaisse vapeur de soufre vomie par la chaudière bouillonnante !…

MOI.

Berganza ! — Arrête ! c’en est trop : jusque sur ta physionomie… je t’en conjure ! cesse du moins de rouler ainsi les yeux, d’ailleurs fort spirituels.

BERGANZA.

Actuellement, point d’interruption, mon ami ! écoute plutôt l’horrible et mystérieuse chanson des sept sorcières, qui est restée fidèlement gravée dans ma mémoire :

Mère aux hiboux ! mère aux hiboux !
Nous entends-tu ? viens à nous !