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retombaient à terre sous les formes les plus hideuses. Des lézards à face humaine ricanaient d’un rire stupide ; des putois lisses et luisants, des rats à têtes de corbeaux, et je ne sais combien d’autres bêtes immondes et surnaturelles, couraient confusément et impétueusement dans tous les sens, formant des cercles de plus en plus rétrécis, tandis qu’un gros chat noir aux yeux étincelants les poursuivait avec rage, et dévorait incessamment une nouvelle proie, en faisant entendre un grognement lugubre. Je demeurai comme pétrifié par un sortilége : un froid glacial courut dans mes veines, et je sentis tout mon poil se hérisser sur mon corps. La tortue, avec son air impassible et son tournoiement continuel dans la chaudière, était horrible à voir, car sa larve semblait offrir, sous un certain aspect, une odieuse parodie de la nature humaine.

— Mais c’était surtout le chat, qui provoquait en moi des accès de fureur ! Ce drôle noir, pensais-je, est de cette race grognante, ronflante, serpentant de la queue, hypocrite et traître qui est ton ennemie naturelle ? et à cette idée, je me sentis le courage de combattre le diable lui-même s’il se présentait à moi sous une forme semblable. Un coup de patte, un coup de dent, et tout le maléfice est détruit ! — Déjà je guettais le moment favorable où le chat s’avancerait assez près de moi pour l’attaquer avec avantage et énergie, lorsqu’une voix glapissante fit retentir les airs des cris : Montiel !… Montiel !…