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BERGANZA.

Je me mis à mordre comme un furieux, à droite et à gauche, mais sans pouvoir atteindre le monstre. Enfin, en cherchant à me serrer contre la muraille, je tiraillai avec mes pattes le vêtement qui s’était entortillé autour d’elle, et je parvins ainsi à me débarrasser de la coquine. Alors je happai son bras avec mes dents ; elle poussa un cri affreux, et la laissant gémir derrière moi, je pris mon élan d’un bond hardi et vigoureux.

MOI.

Dieu soit loué ! te voilà délivré.

BERGANZA.

Oh ! écoute la suite. — Dans l’égarement de la colère, je courus bien loin en avant, et je dépassai la porte de l’hôpital. J’allais toujours d’une course rapide à travers les ténèbres. J’apercevais par intervalle briller la lueur d’un foyer. Je suivis cette direction, et j’arrivai bientôt à un carrefour, au centre duquel brûlait en effet un feu ardent sous un vaste trépied, qui supportait une chaudière de forme bizarre. Une monstrueuse tortue horriblement bigarrée de couleurs disparates, se tenait debout auprès de la chaudière, et avec une énorme spatule remuait le contenu, dont l’écume bouillonnante débordait en sifflant et en pétillant sur les flammes, d’où surgissaient mille étincelles d’un rouge sanguin qui