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touchant l’organisation de mes semblables, une chose dont je voudrais te voir bien pénétré.— N’as-tu donc jamais vu de chien pleurer ? Oui sans doute, la nature, dans sa tendance ironique, nous a réduits à chercher, comme vous autres hommes, dans cet élément fluide, l’interprétation de nos souffrances et de nos émotions pénibles, tandis qu’elle nous a au contraire refusé toute aptitude à l’ébranlement nerveux du diaphragme, duquel résultent les sons bizarres que vous appelez rire. Cela prouve que le rire est plus exclusivement que les pleurs une faculté propre à l’homme. Mais c’est une privation dont nous sommes bien dédommagés par l’organisme tout particulier d’un membre du corps dont vous êtes absolument dépourvus, ou dont la nature peut-être a fini par vous priver, ainsi que plusieurs physiologistes le prétendent, parce que, méconnaissant et dédaignant son élégance, vous l’avez constamment répudié vous-mêmes.

Je n’entends pas parler d’autre chose que du mouvement saccadé de notre queue, modifié de mille façons, par lequel nous savons exprimer toutes les nuances de notre satisfaction, depuis la plus légère motion de plaisir jusqu’aux transports de la joie la plus délirante, et que vous désignez assez mal par votre locution : frétiller de la queue. La noblesse d’âme, la fermeté de caractère, la force et la grâce du corps s’apprécient chez nous par le port de la queue, et, par une relation aussi naturelle qu’admirable, c’est elle encore qui révèle, par son agitation, notre satisfaction intérieure, comme l’action