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Contée

bois de chêne I — Son chef-d’œuvre ! — garçon maladroit et extravagant ! vas !... a En proie à tous les tourments de l’enfer, Frédéric ne put se contenir ni dissimuler plus longtemps, et jetant la doloire qu’il tenait loin de lui, il s’écria : « Maître ! — c’en est fait ! non, dût-il m’en coûter la vie, dussé-je en être puni par la plus horrible misère ! non, je ne le puis plus ! — Je ne peux plus travailler à ce vil métier quand je me sens entraîné par une puissance irrésistible à la pratique de mon art superbe !

— Ah ! j’aime votre fille au-delà de toute expression !
C’est pour elle seule que je m’étais ainsi

dévoué à cet odieux travail... Elle est à présent perdue pour moi, je le sais, et je succomberai bientôt à ce chagrin mortel : mais je ne saurais faire autrement , je vais me consacrer de nouveau à ma sainte vocation, je retourne chez mon ancien et vénérable maître Jean Holzschuer que j’ai indignement abandonné. »

Les yeux de maître Martin flamboyaient, la rage contractrait tous ses muscles, il balbutia enfin avec effort : or Quoi ! — et toi aussi ? mensonge et fourberie ?

s’être ainsi joué de moi ! — Vil métier ? l’état de

tonnelier ? — Fuis loin d’ici, mauvais garnement, — va-t-en !»

A ces mots, maître Martin saisit violemment le pauvre Frédéric par les épaules, et le jeta hors de l’atelier, aux éclats de rire moqueurs des compagnons et des apprentis. Le vieux Valentin seulement, les mains jointes et le regard pensif, disait : a Je m’étais bien aperçu que le brave compagnon portait dans