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quelqu’un voulait luttcfr avec lui au noble jeu du fleuret. Plusieurs jeunes gens, habitués à ce genre d’exercice, se présentèrent pour combattre Conrad. Mais celui-ci eut bientôt triomphé sans beaucoup d’efforts de tous ses adversaires, de sorte qu’il n’y eut plus de bornes aux louanges qu’on lui prodiguait sur sa force et sur son habileté. Le soleil venait de se coucher et le feu rougeâtre de ses derniers rayons avait fait place au crépuscule. Maître Martin, Rosa et les deux compagnons s’étaient assis prés de la fontaine limpide et murmurante. Reinhold faisait maint récit magnifique de la belle et lointaine Italie, et Frédéric, satisfait et silencieux, cherchait à lire dans les yeux purs de la charmante Rosa. En ce moment, Conrad s’approcha à pas lents et comptés, on eût dit qu’il combattait une résolution intérieure, et il paraissait hésiter à prendre place auprès des autres.

<rEh bien, Conrad ! lui cria de loin maître Martin, avancez donc. Vous vous êtes bien montré aux jeux chevaleresques : c’est ainsi que j’aime voir faire mes compagnons, et voilà ce qui leur sied ! N’ayez pas peur, mon ami I asseyez-vous à côté de.nous, je vous le permets, a Conrad répondit au geste bienveillant du patron par un regard de hauteur, et dit d’une voix sourde : a Je n’ai point peur, je vous jure, et je ne vous ai point demandé votre permission pour m’asseoir ici ; du reste, ce n’est pas vous que je cherchais. — Mais j’ai terrassé et vaincu tous ceux qui ont lutté tout à l’heure avec moi, et je voulais demander à cette aimable demoiselle si elle ne daigne-