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Contes

avides des plaisirs de la vie, se livraient à toutes les jouissances faciles et multipliées qu’offre ce pays magnifique. Il fraya avec eux comme un brave et solide compagnon, et l’on organisa mille délicieuses parties auxquelles l’humeur joyeuse de Spikher et son talent tout particulier d’allier une certaine raison aux folies les plus désordonnées, donnaient un attrait tout particulier.

Il arriva donc que nos jeunes gens (Érasme, âgé de vingt-sept ans seulement, pouvait bien prétendre à ce titre) célébraient une fois pendant la nuit, dans un jardin magnifique, et sous un bosquet parfumé et tout resplendissant, un festin des plus joyeux. Chacun, Érasme seul excepté, avait amené avec soi une charmante donna. Les hommes étaient vêtus de l’ancien costume allemand si distingué, les femmes portaient des robes aux couleurs vives et tranchées, taillées la plupart d’une manière capricieuse et fantastique, ce qui les faisait pour ainsi dire ressembler à autant de fleurs éclatantes et douées de la vie. Quand l’une d’elles avait terminé, aux doux accords de la mandoline, quelque romance d’amour italienne, les convives entonnaient, au joyeux cliquetis des verres remplis de vin de Syracuse, une énergique chanson aux refrains allemands.

Oh ! l’Italie est réellement le pays favori de l’amour. La brise de nuit murmurait de langoureux soupirs dans le feuillage embaumé par les douces émanations des jasmins et des orangers ; il semblait que de voluptueux accents voltigeassent dans l’air mêlés aux plaisanteries malicieuses et délicates qu’inspi-