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Cardillac le collier et les bracelets que vous avez reçus de moi, — sous un prétexte quelconque, pour y faire changer quelque chose, pour un ornement à ajouter. Votre salut, vos jours en dépendent. Si vous ne le faites pas d’ici à demain, je m’introduis chez vous et je me poignarde sous vos yeux !

« Maintenant, dit mademoiselle de Scudéry après avoir lu, je suis bien sûre que cet individu mystérieux, quand même il ferait partie de cette bande infâme de voleurs et d’assassins, n’a pourtant nul mauvais dessein contre moi. Et s’il avait réussi à m’entretenir la nuit où il vint, qui sait quelles secrètes circonstances, quelle étrange révélation eussent pu m’éclairer sur des conjonctures dont je cherche en vain à présent à découvrir le moindre motif. Qu’il en soit ce qu’il pourra, je ferai certainement ce que l’on réclame de moi dans cette lettre, ne serait-ce que pour me débarrasser de cette funeste parure, que je considère comme un talisman diabolique digne de Satan. Après cela, Cardillac, suivant ses procédés habituels, ne la laissera pas facilement revenir en d’autres mains que les siennes. »

Le lendemain matin, mademoiselle de Scudéry se préparait à porter la parure chez le joaillier. Mais tous les beaux esprits de Paris semblèrent ce jour-là s’être donné le mot pour venir assaillir la demoiselle de leurs vers, de leurs comédies et de leurs anecdotes.