Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée



II.

Les craintes de Baptiste étaient justement motivées. Paris, à cette époque, était le théâtre des plus odieuses atrocités, commises à l’aide d’un maléfice insigne et diabolique.

Glaser, un apothicaire allemand, le meilleur chimiste de son temps, s’occupait, ainsi que l’ont fait les gens de sa profession, d’expériences alchimiques. Son but était de découvrir la pierre philosophale. Un Italien, nommé Exili, le secondait dans ses opérations. Mais l’art de faire de l’or ne servait à celui-ci que de prétexte. Ce qu’il s’appliquait à connaître, c’était la mixtion, la cuisson et la sublimation des corps vénéneux dont Glaser travaillait à tirer un profit réel, et il parvint enfin à composer ce poison subtil, qui, tuant immédiatement ou lentement, sans goût et sans odeur, ne laisse absolument aucune trace dans le corps, et trompe si bien l’art et la science des médecins, qu’aucun symptôme ne leur révélant le fait de l’empoisonnement, ils sont forcés d’attribuer la mort à une cause naturelle.