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Vous savez, dit Cyprien, qu’il y a quelque temps, c’était même un peu avant la dernière campagne, j’ai séjourné dans la propriété du colonel de P***. Le colonel était un homme vif et jovial, et sa femme la douceur et la bonté même. Le fils se trouvait alors à l’armée, et il n’y avait au château, outre les deux époux, que leurs deux filles et une vieille française qui s’efforçait de représenter une espèce de gouvernante, quoique les demoiselles parussent avoir passé le temps des gouvernantes.

L’ainée des deux était un petit être éveillé, d’une vivacité excessive, non sans esprit, mais, de même qu’elle ne pouvait faire cinq pas sans y mêler au moins trois entrechats, sautant pareillement dans ses moindres discours et dans toutes ses actions incessamment d’une chose à une autre ; je l’ai vue en moins de dix minutes broder, lire, dessiner, chanter, danser, — pleurer tout à coup sur son pauvre cousin mort à l’armée, et, les yeux encore pleins