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après avoir éteint la chandelle. L’oncle accourt et reproche à Théobald son odieuse méchanceté. Celui-ci, quoiqu’il connût bien la coupable, n’opposa aucune dénégation. Augusta se sentit secrètement déchirée de douleur, lorsqu’elle entendit accuser Théobald d’avoir éteint la chandelle exprès avant de frapper, pour pouvoir rejeter le délit sur son compte ; mais plus elle se désolait, plus l’oncle s’efforçait de la rassurer, en lui disant que le vrai coupable était découvert, et toute la ruse du méchant Théobald déjouée.

» Enfin, lorsque l’oncle se mit en devoir de procéder au dur châtiment, son cœur se brisa, elle parla, elle avoua tout. Mais l’oncle ne prit cet aveu que pour l’effet de l’extrême attachement de la jeune fille pour son cousin, et toutefois la présomption de l’entêtement de Théobald, qui, plein d’un véritable héroïsme, se trouvait heureux en ce moment de souffrir pour Augusta, lui valut une cruelle et sanglante correction.

» Le désespoir d’Augusta fut sans bornes. Toute la violence de son caractère, toutes ses manières impérieuses avaient disparu. Le généreux Théobald devint pour elle un maître absolu, auquel elle se dévoua de son plein gré. Il pouvait disposer suivant son caprice de ses joujoux, de ses plus belles poupées ; et tandis qu’autrefois il était obligé d’acheter le simple droit de rester auprès d’elle, en allant récolter des feuilles et des fleurs pour sa dinette, c’était elle maintenant qui se trouvait trop heureuse de le suivre à travers les broussailles, où il galopait sur son vaillant