Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

mes expressions laissât à entendre que j’avais vu plus de choses que je n’en voulais convenir ; bref, comme je gardais le silence, Séraphine s’écria : « Non, non, il vous est arrivé quelque chose d’effrayant dans cette salle, où je ne suis jamais entrée sans frémir ! — Je vous en conjure : dites-moi tout ! »

Le visage de la baronne s’était couvert d’une pâleur mortelle, et je m’assurai qu’il valait mieux maintenant raconter fidèlement tout ce qui s’était passé que de laisser à son imagination frappée le souci d’inventer une scène de terreur encore plus menaçante que celle dont j’avais été témoin. Elle écouta mon récit avec une émotion et une anxiété de plus en plus vives. Quand j’arrivai au fatal grattement contre le mur, elle s’écria : « C’est horrible !… oui, oui, c’est dans ce mur que réside le terrible secret ! » Je continuai à lui raconter comment mon grand-oncle avait chassé le revenant avec un courage et une force d’âme supérieurs ; alors elle soupira profondément, comme si elle eût senti sa poitrine soulagée d’un lourd fardeau, et, se penchant en arriére, elle se couvrit un moment le visage de ses deux mains.

Je m’aperçus seulement alors que mademoiselle Adelheid nous avait quittés. J’avais cessé de parler depuis long-temps, et Séraphine se taisait toujours. Je me levai doucement, et, m’approchant du piano, j’essayai d’en tirer, avec d’harmonieux accords, des inspirations consolatrices capables d’effacer de l’esprit de Séraphine les sombres images suscitées par