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appelez-vous innocent le satellite, le complice de l’infâme Cardillac ? celui qui a pris part à tous ses forfaits, qui a cent fois mérité la mort ? Non, non, il est justement puni, et si je vous ai découvert, mon honorable demoiselle, la vérité sur cette criminelle intrigue, c’est que je suppose que, sans me compromettre auprès de la chambre ardente, vous saurez néanmoins peut-être profiter de cette révélation d’une certaine manière dans l’intérêt de votre protégé. »

Mademoiselle de Scudéry, transportée de joie de voir l’innocence de Brusson confirmée par un témoignage aussi positif, ne se fit pas le moindre scrupule de tout découvrir au comte de Miossens, instruit déjà de la culpabilité de Cardillac, et elle le décida à venir avec elle visiter d’Andilly, pour le mettre aussi, sous le sceau du secret, dans la confidence, et réclamer ses conseils sur ce qu’il y avait à faire.

D’Andilly, après que mademoiselle de Scudéry lui eut tout raconté dans le plus grand détail, se fit répéter encore une fois les circonstances les plus minutieuses ; il interrogea surtout le comte de Miossens, pour savoir s’il était bien convaincu de l’identité de Cardillac, et s’il pourrait reconnaître Olivier Brusson pour l’homme qui avait emporté le cadavre. « Outre que j’ai parfaitement reconnu l’orfèvre à la vive clarté de la lune, répliqua M. de Miossens, j’ai pu voir aussi chez le président La Reynie lui-même, le poignard sous lequel est tombé Cardillac. Ce poignard est le mien, et il se distingue