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sors, et on les renverra ainsi que des vagabonds dans leur pays natal, qui est la petite contrée de Dschinnistan, comme vous devez l’avoir vu, gracieux seigneur, dans les Mille et une nuits.

» Y a-t-il des postes établies pour ce pays, Andrès ? demanda le prince. — Pas pour le quart-d’heure, répliqua Andrès ; mais nous pourrons, après l’introduction des lumières, créer un service journalier de diligences pour s’y rendre.

» Mais, Andrès, ajouta le prince, ne trouvera-t-on pas notre procédé contre les fées trop rigoureux ? mon peuple, si gâté jusqu’ici, ne murmurera-t-il pas ?

» Je sais encore un moyen pour obvier à cela, dit Andrès. Nous ne renverrons pas au Dschinnistan toutes les fées, gracieux seigneur ! nous en garderons quelques-unes dans le pays, mais il faudra non-seulement leur ravir tous les moyens de nuire au développement des lumières, mais encore s’y prendre adroitement pour en faire des membres utiles de votre état civilisé. Si elles refusent de s’engager dans de solides mariages, il faudra qu’elles s’adonnent, sous une surveillance sévère, à quelque métier utile, comme à tricoter des chaussons pour l’armée, si nous avons la guerre, ou à autre chose. Remarquez, mon gracieux souverain, qu’ainsi l’on perdra toute croyance au génie des fées du moment où elles vivront sans distinction avec tout le monde ; et c’est ce qu’il y aura de mieux. Car cela coupera court à tous les murmures possibles. — Pour ce qui regarde les talismans des fées et leurs bijoux, ils échoient de droit au trésor royal ; les cygnes et les tourterel-