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grand tableau. Berklinger parut retrouver ses souvenirs, il s’adoucit visiblement, et dit d’une voix plus modérée : « Pardonnez, Monsieur, cet oubli à un vieillard !

» Votre tableau, maître Berklinger, répondit Traugott, est en vérité d’une beauté rare, et je n’ai jamais rien vu de comparable. Mais combien ne faut-il pas d’études et de travail pour arriver à peindre de la sorte ? Je sens en moi un penchant violent et irrésistible pour la pratique de l’art, et je vous conjure avec ardeur de m’accueillir en qualité de votre éléve. »

Le vieillard redevint tout-à-fait bienveillant et affable. Il ouvrit ses bras à Traugott, et lui promit de l’aider avec zèle de ses conseils.

En conséquence, Traugott ne laissa plus passer un jour sans se rendre chez le vieillard, et il fit bientôt de remarquables progrès. Cela lui fit prendre tout-à-fait en dégoût ses occupations de comptoir, et messire Elias Roos se plaignit enfin tout haut de sa négligence. Aussi, reçut-il avec un certain plaisir l’avis que Traugott, sous le prétexte d’une maladie de langueur, s’abstiendrait désormais de la gérance de ses affaires. Par le même motif, son mariage avec Christine fut remis aussi à une époque indéterminée.

« Votre sieur Traugott, dit un jour à messire Elias une de ses vieilles connaissances, parait être rongé d’un chagrin secret ; peut-être quelque arriéré sentimental qu’il tient à solder avant son mariage ! Il est pâle comme un mort, et a l’air tout égaré.