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La demoiselle de Rosebelle le déposa alors avec précaution sur le gazon à côté de sa mère, puis elle aspergea celle-ci de l’eau spiritueuse et parfumée d’un flacon qu’elle avait tiré de sa poche, et s’éloigna ensuite avec promptitude.

Lorsque bientôt après la pauvre femme s’éveilla, elle se sentit merveilleusement restaurée et réconfortée. Il lui semblait qu’elle avait fait un excellent repas et bu un bon coup de vin. « Mon Dieu ! s’écria-t-elle, comment m’est-il advenu tant de soulagement et de courage pendant ce court sommeil ! — Mais le soleil sera bientôt couché derrière les montagnes, allons ! retournons au logis ! » À ces mots, elle s’apprêta à remettre sa hotte sur son dos ; mais elle s’aperçut que le petit en était sorti, et au même instant il s’agita dans l’herbe et se mit à piailler lamentablement. Quand sa mère se retourna vers lui pour le prendre, elle frappa dans ses mains d’étonnement et s’écria : « Zach ! petit Zach ! qui t’a donc si bien peigné les cheveux ! — Zach ! petit Zach ! comme cela t’irait bien, des boucles, si tu n’étais pas si abominablement laid ! Eh bien ! viens donc, viens : dans la hotte, allons ! » Elle voulait le soulever et le replacer en travers sur la ramée ; mais petit Zach se mit à gigoter agilement, il regarda sa mère en ricanant, et marmotta fort intelligiblement : « Je ne veux pas !

» Zach ! petit Zach ! s’écria la femme tout hors d’elle-même, qui t’a donc appris à parler durant mon sommeil ? Oh ! puisque tu as des cheveux si bien peignés, puisque tu parles si bien, tu pourras