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mot passé en usage peut donner l’exacte mesure d’une chose en question.

BERGANZA.

Du reste, l’acteur dont nous parlons est véritablement un artiste des plus rares. Il n’est généralement méconnu du public qu’à cause de son humeur capricieuse ; mais ce qui a allumé la haine de ses camarades, c’est qu’il ne s’abaisse jamais à leurs caquetages mesquins, à leurs plates et grossières plaisanteries, et que sais-je encore ? Bref ! il a trop de mérite pour votre scène actuelle8.

MOI.

Ne reste-t-il donc aucun espoir d’amélioration pour notre théâtre ?

BERGANZA.

Fort peu ! — Je déchargerai même les acteurs d’une partie de la faute pour la rejeter sur la confrerie ignorantissime des directeurs et régisseurs de théâtres. Ceux-ci ne reconnaissent qu’un principe : une bonne pièce est celle qui remplit la caisse et ou les acteurs sont fréquemment applaudis : or, tel a été le cas pour tel et tel ouvrage ; donc, plus une nouvelle pièce se rapproche de ceux-ci par la forme, le plan et le style, meilleure elle est ; plu» elle en diffère, moins elle doit valoir. — Il n’en faut pas moins donner au public des nouveautés ; et comme il est encore des voix de poètes qui se font entendre et qui captivent même bien des oreilles, il