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s’écria Ernest en riant, mais voyons un peu ce qui se passe là-bas dans ce cercle, au milieu duquel je vois se trémousser en tout sens et en piaillant une petite créature qui sautille comme un atome Cartésien. »

Les deux amis arrivèrent près d’une pelouse, tout autour de laquelle étaient assis de vieux et de jeunes messieurs, des dames âgées et des demoiselles ; et au milieu du cercle une petite femme, en costume bariolé, haute de quatre pieds tout au plus, et avec une petite tête en boule, d’une grosseur disproportionnée, sautait et gambadait en faisant claquer ses petits doigts, et en chantant d’une voix grêle et criarde : Amenez vos troupeaux, bergères !

« Croirais-tu bien, dit Willibald, que cette petite nabote rabougrie, qui s’exténue à faire ainsi le joli cœur, est la sœur ainée de Julie ? Tu vois qu’elle appartient malheureusement à ces femmes disgraciées qu’une nature marâtre semble avoir pris plaisir à mystifier avec la plus cruelle ironie. Condamnées en effet, en dépit de tous leurs efforts, à une éternelle enfance, coquetant encore sous les rides avec cette affectation ridicule de naïveté enfantine attachée à leur figure et à toute leur personne, comment ne deviendraient-elles pas lourdement à charge aux autres et à elles-mêmes ? et comment ne se verraient-elles pas en butte presque toujours à une juste dérision ? »

La petite dame, avec ses entrechats et son radotage français, importuna bientôt à l’excès les deux amis ; ils s’esquivèrent donc comme ils étaient venus,