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en lançant à Fabian un coup d’œil farouche : « Est-là le bon chemin de Kerepes ? — Oui, monsieur ! » répondit Balthasar avec douceur et gravité. Et il présenta au petit ses deux bottes qu’il avait relevées. Mais tous les efforts du nain pour y entrer furent vains : il tombait sans cesse et se débattait en gémissant sur le sable. Balthasar plaça les deux bottes debout l’une à côté de l’autre, il souleva le petit, puis il le laissa retomber doucement, de manière à introduire ses jambes dans ces fourreaux, dix fois trop larges et trop lourds. L’air fier, une main appuyée sur la hanche et l’autre contre son béret, le nabot s’écria : « Gratias ! monsieur. » Et il s’approcha de son cheval, dont il saisit les rênes.

Cependant, grimper sur cette grande bête, et même atteindre l’étrier, fut pour lui chose impossible. Balthasar, toujours sérieux et affable, s’approcha de nouveau et hissa le petit sur l’étrier. Mais il fallait que celui-ci eût pris un trop grand élan pour enfourcher l’animal ; car à peine en eut-il fait le mouvement, qu’il roulait par terre du côté opposé.

« Pas tant d’ardeur, très-cher monsieur ! s’écria Fabian en éclatant de rire de plus belle. — Au diable votre monsieur très-cher ! répliqua le petit tout courroucé pendant qu’il secouait la poussière de ses habits. Sum studiosus. Et si vous l’êtes également, c’est une fanfaronnade de me rire au nez comme un poltron ; Fusch, entendez-vous ? et il faut que demain vous vous battiez avec moi à Kerepes !

» Mille tonnerres ! dit Fabian en continuant toujours à rire, voilà pour le coup un solide gaillard,