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ment, dis-moi donc, au nom du ciel ! pourquoi tu es si empressé et si assidu à son cours, que tu écoutes d’ailleurs les yeux fermés, muet et immobile, et comme enchaîné par un rêve ?

» Ne me demande pas pourquoi, dit Balthasar en baissant les yeux, ne me le demande pas, cher Fabian ! — Une puissance inconnue m’attire chaque matin dans la maison de Mosch Terpin. Je ressents d’avance l’amertume des tourments qui m’y attendent, et pourtant je ne puis résister : une sombre fatalité m’entraine malgré moi !…

» Ha, ha ! dit Fabian en riant, ha, ha, ha ! — comme c’est délicat ! comme c’est poétique ! comme c’est mystique ! La puissance inconnue qui t’attire chez Mosch Terpin, elle est dans les yeux bleu-foncé de la belle Candida ! — Nous le savons tous depuis long-temps que tu es amoureux par-dessus la tête de la gentille petite fille du professeur, et c’est pour cela qu’aucun de nous ne prend en mauvaise part tes lubies chagrines et ton humeur fantasque. Tous les amoureux passent par là. Tu en es encore à la première phase du mal d’amour, et il faut que tu paies ton tribut, malgré l’âge raisonnable où tu es parvenu, en accomplissant toutes les farces singulières que nous autres, moi et nombre de nos camarades, avons exécutées à l’école, dieu merci ! sans grande affluence de spectateurs. Mais crois-moi, mon doux ami… »

Tout en parlant, Fabian avait pris de nouveau par le bras son ami Balthasar, et l’entraînait rapidement avec lui. Comme ils débouchaient du fourré