parlent un langage passionné, éloquents interprètes d’un esprit vif et heureusement doué. Ses regards pourraient paraître même trop hardis, si la rêveuse tristesse empreinte sur son visage pâle n’atténuait et ne voilait de son ombre leurs brûlants rayons. Son habit de drap noir fin, garni de déchiquetures de velours, est taillé presque à l’antique mode allemande, et s’allie merveilleusement au gracieux col bordé de dentelles et resplendissant de blancheur, qui encadre sa tête, ainsi qu’à la toque de velours d’où s’échappent ses beaux cheveux châtains bouclés. Ce costume lui sied à ravir ; car tout son air, sa tenue, sa pose, sa démarche, et le caractère expressif de sa physionomie semblent si réellement appartenir à une époque antérieure et poétique, qu’on ne saurait le suspecter de l’affectation d’un ridicule fort commun aujourd’hui, qui consiste à copier mesquinement d’anciens usages aussi mal compris que prétentieusement appliqués aux mœurs modernes.
Ce jeune homme, qui te plait tant à la première vue, bien-aimé lecteur, n’est autre que l’étudiant Balthasar, le fils de bourgeois honorables et cossus, jeune homme studieux, raisonnable, ingénu, et dont, ami lecteur, j’ai dessein de te raconter beaucoup de choses dans le cours de l’histoire mémorable que j’ai entrepris d’écrire à ton intention.
Grave et absorbé dans ses réflexions, comme c’était son habitude, Balthasar, au sortir du cours du professeur Mosch Terpin, au lieu de suivre ses camarades à la salle d’armes, se dirigeait vers la porte de la ville pour se rendre dans un charmant