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Le cours de Mosch Terpin était en effet le plus fréquenté de tous ceux de l’université. Il était, comme nous l’avons dit, professeur d’histoire naturelle. Il expliquait comment il pleut, comment il éclaire, comment il tonne ; pourquoi le soleil brille pendant le jour et la lune durant la nuit, comment et pourquoi l’herbe pousse, de telle manière que l’enfant le plus jeune pouvait aisément le comprendre. Il avait résumé tous les phénomènes de l’univers dans un ingénieux petit compendium, si bien qu’il en tirait comme d’une armoire une réponse toute prête à chaque question, et pouvait ainsi manier à son gré et sans nul embarras la nature entière. Ce qui commença à faire sa réputation, fut la précieuse découverte par laquelle il prouva, grâce à un nombre infini d’expériences physiques, que l’obscurité provenait principalement de l’absence de la lumière. Ce trait de génie et ensuite sa rare habileté à transformer les expériences susdites en petits tours d’adresse et de passe-passe aussi subtils que récréatifs, lui procurèrent cette vogue inouïe. — Maintenant, lecteur bénévole, toi qui connais beaucoup mieux la race des étudiants que le célèbre savant Ptolomée Philadelphe, et qui ne partages pas ses folles appréhensions, permets que je te ramène à Kerepes, devant la maison du professeur Mosch Terpin, à l’heure où il venait de terminer sa leçon.

L’un de ces étudiants qui passent devant-toi captive de prime-abord ton attention. Tu vois un jeune homme bien tourné, de vingt-trois à vingt-quatre ans, dont les yeux noirs et brillants