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belle comme l’aurore, simple, modeste et d’une innocence extrême, car elle n’a jamais parlé à un homme ; elle t’aimera comme son père, et elle te donnera son cœur sans partage.

— Je veux la voir ! dit le doge, dont les yeux s’animèrent d’un feu nouveau. Je veux la voir !

Son désir fut accompli le même jour ; car, à l’issue du conseil, l’habile Bodoeri conduisit secrètement sa nièce Annunziata dans les appartemens du doge. Le vieux Falieri resta comme éperdu à la vue des charmes de la jeune Vénitienne, et il eut à peine la force d’exprimer ses désirs. Annunziata s’agenouilla avec pudeur devant le vieillard couronné, et lui dit à voix basse, en baisant, sa main avec respect : — Oh ! mon seigneur, puisque vous daignez m’admettre à vos côtés sur votre siège royal, je serai toute ma vie votre fidèle servante, et