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aussitôt, le détacha, et, saisissant la rame, il se dirigea hardiment vers le Bucentaure.

— Sauvez, sauvez le doge ! lui criait-on de toutes parts ; car, durant un orage, une légère embarcation est plus sûre dans ces canaux que les navires d’une grande dimension ; aussi se présenta-t-il lui grand nombre de barques qui accoururent de toutes parts pour sauver les jours de Marino Faliéri. C’était à Antonio que le ciel avait réservé cette faveur, et sa barque fut la seule qui parvint à s’approcher du Bucentaure. Le vieux Marino Faliéri, accoutumé à de pareils dangers, s’élança sans hésiter du haut de sa magnifique galère dans le petit canot du pauvre Antonio, qui le porta en peu de minutes à la place de Saint-Marc. La cérémonie s’acheva dans l’église, où le doge se rendit, les vêtemens et la barbe encore inondés par