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un misérable quattrino dont il avait envie. Tu sais, vieille, que je gagnais rudement ma vie en portant les ballots des barques et des navires dans le magasin allemand, dans le Fontego…

— Dans le Fontego, dans le Fontego ! répéta la vieille.

— Tais-toi, si tu veux que je parle, reprit Antonio ; et il continua : J’avais assez gagné pour m’acheter uiî habit neuf et entrer parmi les gondoliers. Comme j’étais toujours de bonne humeur, et que je ne manquais pas de jolies chansons, je gagnais un peu plus que mes camarades. Cela les rendit jaloux, et ils me poursuivirent sans cesse en m’appelant hérétique et chien d’Allemand. Enfin, il y a quatre jours, comme j’aidais, auprès de Saint-Sébastien, à tirer une barque sur la grève, ils m’attaquèrent à coups de pierres et de bâtons. Je défendis vigoureusement ma