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sa bouche qui s’abaissait à chaque extrémité des lèvres, on pouvait facilement se convaincre qu’un destin ennemi avait précipité d’un rang élevé ce jeune étranger dans les dernières classes de la populace.

Il était donc étendu au pied des colonnes de la Dogana ; la tête appuyée sur son bras droit, il jetait sur la mer des regards ternes et sans expression. À voir son immobilité, on eût dit un cadavre apporté par la vague, s’il n’eût exhalé de temps en temps un profond gémissement. Il lui était sans doute arraché par la douleur que lui causait son bras gauche enveloppé de lambeaux sanglans, et qui pendait sur le pavé.

Tous les travaux avaient cessé, le bruit des ouvriers et des marchands ne se faisait pas entendre, tout Venise voguait au devant de Falieri dans des milliers de barques et de gondoles, et le