Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Marino Falieri, de son esprit dominateur, de son opiniâtreté ; mais on leur répondit que tous ces défauts étaient ceux de la jeunesse, et que dès longtemps ils étaient effacés dans un vieillard octogénaire. D’ailleurs les acclamations du peuple étouffèrent toutes les paroles de blâme : ne sait-on pas que, dans les crises violentes, un choix bizarre est toujours regardé par la multitude comme une inspiration du ciel ?

Le défunt petit comte, avec toute sa bonté et toute sa douceur, fut bientôt oublié, et chacun se disait : — Par saint Marc, ce Marino aurait dû depuis longtemps être notre doge ; l’orgueilleux Doria ne serait pas aujourd’hui dans nos lagunes. Des soldats mutilés étendaient leurs moignons en s’écriant : — C’est Falieri qui a battu Morb-Hassan, dont le pavillon dominait la mer Noire ! Et partout où le peuple s’assemblait, on se racontait