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caché, parce que Angela ne voulait pas perdre le nom sous lequel elle avait acquis tant de célébrité, pour prendre le nom peu harmonieux de Crespel. Le conseiller me dépeignit avec l’ironie la plus folle la manière dont la signora Angela l’avait tourmenté dès qu’elle avait été sa femme. Toutes les humeurs, tous les caprices de toutes les premières cantatrices réunies, avaient été, au dire de Crespel, réunis dans le petit corps d’Angela. S’il lui arrivait de vouloir exprimer une volonté, Angela lui envoyait une armée entière d’Abbates, de Maestros, d’Académicos, qui le désignaient comme l’amant le plus incivil, le plus insupportable qui eût jamais résisté à une aimable signora. Une fois, après un de ces orages, Crespel s’était enfui à la maison de plaisance d’Angela, et il oubliait, en improvisant sur son violon de Crémone, tous les chagrins de la jour-