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sur cette jeune fille, mais je ne soupçonnais pas qu’elle vécût dans la ville, et qu’elle se trouvât sous la domination du bizarre Crespel. Dans la nuit suivante, je rêvai tout naturellement du chant merveilleux d’Antonie, et comme elle me suppliait fort tendrement, dans un adagio, composé par moi-même, de la sauver, je fus bientôt résolu à devenir un second Astolfe, et à pénétrer dans la maison de Crespel, comme dans le château enchanté d’Alcine.

Les choses se passèrent plus paisiblement que je ne l’avais pensé ; car, à peine eus-je vu deux ou trois fois le conseiller, et lui eus-je parlé avec quelque chaleur de la structure des bons violons, qu’il m’engagea lui-même à visiter sa maison. Je me rendis à son invitation, et il étala devant moi son trésor de violons. Une douzaine de ces instrumens était appendue dans son cabinet. J’en