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femme : je sentis vivement combien j’étais coupable envers la mienne, et je me repentis de l’avoir sacrifiée à un penchant funeste. Je vis apparaître comme des esprits vengeurs tous ceux dont j’avais causé la ruine, dont j’avais anéanti avec sang-froid l’existence entière ; j’entendais leurs voix sourdes qui s’échappaient du tombeau et me reprochaient tous les crimes ? que j’avais causés. Ma femme seule avait le pouvoir de bannir par sa présence cette terreur, ces angoisses sans nom ! Je fis le serment de ne plus toucher une seule carte. Je m’éloignai, et m’arrachant des liens qui me retenaient, repoussant les instances de mes croupiers, je m’établis dans une petite maison de plaisance auprès de Rome. Hélas ! je ne jouis qu’une année d’un bonheur et d’une satisfaction dont je n’avais jamais soupçonné l’existence. Ma femme mit au monde une fille, et mourut quelques